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jeudi 13 juin 2013

Espectacle : Quel Spectacle !!!


En le voyant défier les doyennes de l’assemblée du Grenache au milieu de cet amphithéâtre avec tant d’éloquence, on ne peut que s’exclamer « Quel spectacle ! » Livrant son monologue tout en se déhanchant au gré du vent, il fait claquer ses bottes sur les schistes catalans. Ombrageux bretteur hidalgo, prophète a ses heures perdus, il descend de sa montagne à la nuit tombée pour annoncer l’arrivée imminente du royaume à l’humanité. « Dubitatives » disent-elles, ces vieilles garces en lançant des regards noirs à ce jeune cadet venu contester leur pouvoir en ces terroirs solaires. « Subversif » pouffent-ils, ces grands sages en l’entendant  proférer ces vers doux et sulfureux, résonant telle une fanfare sacrée à travers tout le massif du Montsant. Il est un monument viticole que même Philon de Byzance n’aurait pas hésité à qualifier de Merveille. Nombreux sont les curieux, les érudits et savants venus des terres honnies d’Orient et d’Occident, écouter sa bonne parole sur ces terrasses bénies prenant des allures de jardins suspendus à la nuit tombée. Envoûtés par son parfum teinté de roses et de fleurs d’orangers, ils errent tels des vampires attirés par la pureté de son sang, semblables à de la vermine rampant à ses pieds, pétrifiée rien qu’à l’idée de devoir se priver d’un tel festin pour l'éternité. Médusés, ses fidèles osent à peine le regarder, de peur de se retrouver un jour dans le marbre sculpté, suffocant sous les coups du maillet d'un ténébreux florentin, réclamant à juste titre, la part de ses cousins ailés. Ressemblant à de pauvres chasseurs de moulins venus s’échouer après avoir écumer la Sierra en quête de je ne sais quoi, tous ces auditeurs redoutent à présent la peine du dénouement. « Mais l’apocalypse n’a pas sonné ! Gredins ! » clame-t-il soudain avec éclat. « Soyez sereins mes frères, ceci n'est qu'un spectacle sans fin. La preuve, vous n’avez point vu la lune se coucher. Regardez donc toute cette lumière. Le soleil se lève à l’Est, là où le Pape demeure, et ne se couche jamais à l’Ouest, où l'heure s'arrête dès l'aube de ce Malin Spectacle, sérénissime Seigneur du Minéral Grenache. Olé ! »
 

vendredi 3 août 2012

Clos Rougeard : L'Ermite Saumurois.

Loin de la terre promise des druides burgonds, à l’abri des affres de la spéculation des prophètes gascons, on raconte la légende d’une mine d’or enfouie sous la tuffe, qui recèlerait un des trésors les plus convoités du Royaume de la truffe. Sous cette butte des Poyeux, au fond du tunnel parsemé des caves troglodytes forgées par les nains, réside en effet, selon les dires des anciens, deux magiciens au savoir-faire divin. Malicieux et pointilleux, ces sages au regard vif et frétillant vivant reclus depuis des lustres, loin de la lumière des puissants, élaborent jour après jour une potion des plus minérales, destinée à repousser les ténébreux assaillants, avides de découvrir les secrets du plus fabuleux nectar de la Loire. De leur labyrinthe druidique, là où les centurions assoiffés de chair et de sang contemplent impuissants, les épées et boucliers brisés contre la craie, ils chassent les curieux téméraires venus des antipodes pour côtoyer le mythique Clos Rougeard. Ces Mystérieux sorciers n’en demeurent pas moins des esthètes vertueux, lorsqu’il s’agit d’agiter le bâton venteux, aux yeux et à la barbe de ceux, qui voudraient telles des langues de serpents, distiller le poison pernicieux de paroles mercantiles dans le sol presque vierge du Bourg de Chacé. Ne cédant jamais à l’appel des modes, ils ont su élever leur terroir au rang de Capitale des Francs, où trône depuis des siècles cet Auguste Seigneur, qui seul sait insuffler au peuple, la force et la foi de cultiver les fruits des bois, loin des regards indiscrets des princes fêlons du vignoble françois venus espionner l'ermite saumurois. Effleurant parfois de leur art, l’âme des savants érudits, ces deux mages ont décade après décade, dessiner les contours d’une légende qui côtoie désormais, celles du Roi Pétrus et de la Dame Romanée, au firmament du terroir céleste.


samedi 31 mars 2012

Domaine Roumier : La Fée de Chambolle

Sur le flanc du vallon, là ou les raisins aux contours féminins transcendent le Musigny, se trouve une lanterne magique, illustre relique qui apaise les Nuits des plus intrépides chérubins. Préservée des regards indiscrets se faufilant à la nuit tombée derrière les haies pour observer la magie de ses projections elfiques, elle diffuse sa lumière à travers ces buissières, où les yeux des lutins éblouis par sa beauté brillent d’un éclat enfantin. Éternelle elle demeure, tout comme sa gardienne, la Fée de Chambolle, qui vient avant chaque aurore, la remettre dans son écrin d’or, enfoui sous cette voûte végétale à l’allure d’étoffe. Faisant vibrer l’écorce des arbres pour préserver les sols des catastrophes, La Fée de Chambolle illumine parfois les eaux des Bonnes Marres éblouis par la volupté de ses battements d’ailes frivoles. Arpentant les vignes de ses serviteurs cisterciens tout en versant l’élixir céleste contenu dans sa Saine Aiguière, elle laisse parfois s’envoler de ses mains fébriles, la poudre volatile des baies rouges laissées le matin même, par les elfes sylvains sur l’hôtel cistercien de Morey. Sa silhouette ronde, pleine de formes, n’en demeure pas moins élégante lorsqu’au soleil couchant elle s’envole rejoindre les célestins après avoir souffler un dernier baiser plein de fraîcheur sur les lèvres du libertin, bouleversé par la beauté de son caractère voluptueux et enchanteur.

mercredi 21 mars 2012

Rayas 2002 : Le Pirate du Grenache.

Diantre qu’elle est magnifique cette couleur ! Serait-il donc possible que pareille robe puisse être l’apanage d’un Grenache ? Rien qu’en voyant ce brillant élixir s’épanouir dans mon Graal translucide, il m’est impossible d’imaginer qu’il soit un des géants rhodaniens. Et pourtant, c’est bien lui : Rayas, ce corsaire indomptable qui transforme la terre nue en une Mer Rouge écarlate, ce bougre devenu borgne après avoir bu l’élixir du savoir, ce Flibustier des Sept Mers qui réveille des hordes entières de mercenaires enfouis sous les sables brûlants des plages méditerranéennes. Diable qu’il est élégant !!! Ce pirate au cœur pur, ce commandeur du Châteauneuf, ce chasseur invétéré qui pourfend les essences les plus douces aux quatre coins du globe. Qu’il a fière allure lorsqu’il chevauche avec panache cette licorne, figure de proue de son insaisissable vaisseau. Qu’il est envoûtant lorsqu’il libère toutes ces fragrances de roses emprisonnées dans les fûts minéralisés de la cale de son bateau. Même le marin le plus aguerri ne peut y résister, car la magie qui opère au plus profond des entrailles de son navire est l’œuvre d’un des plus grands sorciers des océans. Connaissant les moindres recoins de la mer des Indes, il se joue de la rose des quatre vents en nous faisant voyager à travers le temps depuis ce siècle où Turner trouva la lumière, au milieu des ouragans de couleurs. Illuminant les nuits des naufragés, il envoûte puis enchante les esprits égarées éprouvant un besoin viscéral de retrouver le cap de la grâce. Son trésor, enfouit depuis des années au fond d’une crique sous les sables ancestraux, recèle une fortune inestimable héritée de ses ancêtres, prophètes du Grenache, qui naviguèrent jadis, par delà les tempêtes à la recherche du faisceau lumineux du phare monolithe suspendu au sommet de la Cité des Papes.


mardi 20 mars 2012

Chambertin 2004 : L'Empereur Eternel du Domaine Trapet.

Il est le légendaire, l’élégant souverain chevaleresque et magnanime. Quel que soit le millésime, son fer retentit tel l’éclat du rubis brillant sur le calcaire. Célébré par les grands hommes qu’ils soient empereurs ou romanciers, ce Duc de Bourgogne semble voué à l’immortalité. Il dompte le pinot comme personne, lui confère un caractère souverain et structuré autour de notes épicées, et balaie de tout son souffle, les éternels vallons. Il est Zeus, seigneur de l’Olympe dictant sa loi à travers toute l’Europe. Tel le Général de David, il réveille des légions entières d’infanteries, ensevelies sous le reptile qui serpente de Dijon jusqu’à Beaune. En humant le parfum des roses Burgondes près d'une Chapelle, il se rappelle cette époque glorieuse où il servait encore au sein de la garde des mousquetaires. Préférant alors errer dans les bois plutôt que défier l'ayatollah qui s'enivre à l'infusion de barrique en compagnie de son âne, il préserve ses racines datant du jurassique, que rien, pas même l’odeur putréfiée des cadavres ne peut altérer.

mercredi 14 mars 2012

Le Pigeonnier 2000 : L'Oiseau légendaire de Fosse-Sèche

De la faille géologique habitée par l’âme des moines cisterciens qui célébrèrent jadis, la chair et le vin aux quatre coins de la France des chrétiens, surgit chaque année un oiseau fabuleux diffusant son aura magique à travers toute la Loire. Ce guerrier volatile, dont chacun des battements d’ailes est une onde de choc à laquelle nul mortel ne peut échapper est bien plus qu’une légende. Ne prenant son envol qu'après avoir humer ces divines fragrances de silex et violette, il diffuse la lumière de sa robe en écartant tous les troubles qu’auraient pu lui causer les outrages du temps. Flamboyant, il sait préserver comme restaurer les équilibres au sein du règne animal, dont il est le souverain absolu. Généreux, il dessine des courbes précises dans le ciel qui ne sont pas sans rappeler celles évoquées dans les plus brillants chef-d’œuvres picturaux du Maître au chapeau. Qualifié de surréaliste par certain, car atypique, il n’a pas d’égal dans la Loire. Oiseau de feu incarnant la justice, maître chanteur aux parfaites vocalises, il semble voué à l’éternité, tant son chant incandescent peut résonner jusqu’à l’infini, dès l’instant où le dégustateur averti le libère de sa prison de liège. Précis dans ses trajectoires, il réveille la pureté de la sève tutélaire enfouit sous les silex et les oxydes de fer. Puis tournoyant au-dessus de ses illustres cabernets, il ne se lasse pas d’exhaler ces effluves de myrtilles ensorcelantes seules à même d’inspirer la douce harmonie de la flûte enchantée. S’élevant dans les airs, puis plongeant dans les bois, il s’extasie en rasant une rivière aspirée par la classe du saumurois. Enfin, éclaboussant de toute part la faune et la flore endormies, il regagne son nid après avoir fait retentir son chant merveilleux, auguste résonance de son inexorable renaissance.


samedi 17 décembre 2011

Divine Faustine : La pureté d’une nymphe, gardienne de l’héritage corse.


Au-delà des effluves minérales qui émanent de la vallée du Taravo, je perçois le chant cristallin d’une jeune nymphe s’élever dans la montagne. Sauvage et insaisissable, sa silhouette respire l’air suave et iodé des embruns méditerranéens inondant les plages corse à la nuit tombée. Façonné par un alchimiste de talent, son parfum enivrant m’évoque la noblesse végétale des souveraines du septentrion rhodanien. S’aventurant en dehors de ces sentiers battus où des savants au caractère bodybuildé pactisent avec Satan, elle sauvegarde son âme malgré les attaques sournoises que lui assène le Horla. Clamant haut et fort son identité et son indépendance, elle repousse ses assaillants, de mauvais esprits assoiffés de chair et de sang. Refusant de se laisser envahir par leurs légions ténébreuses, elle les combat alors avec courage pour garder intact son précieux héritage. Fière et gracieuse, elle fait honneur à ses illustres ancêtres en ignorant la violence et la rage de ces combats qui tourmentèrent autrefois ces villes noires nichées dans les collines. Belle et Insouciante, elle dévale dès l’aube, les coteaux verdoyants tout en effleurant de ses mains la peau des raisins, alors que son diadème incrusté d’un rubis éclatant ne cesse de diffuser la pureté étincelante de son teint, à travers toute la vallée. Surprenant l’œil curieux d’un poète bienveillant au détour d’une parcelle, elle révèle finalement ces vers longtemps proférés dans un dialecte interdit, qui réveillèrent le subtil Sciacarello, seul à même de dompter le fougueux et volubile Nielluccio, au milieu des arènes granitiques.


lundi 24 octobre 2011

Clos des Corvées 1999 : Le Sang du Dragon.


Animal mythique, créature fantastique au caractère insondable, le Clos des Corvées est de cette espèce qu’il faut chasser sans relâche pour avoir un jour, la chance de percer tous les mystères dissimulés derrière son immense carcasse rouge écarlate. Crachant son venin sur le saint de Cappadoce, il fût autrefois la terreur des Libyens. Cette chimère célébrée jusqu’en Wallonie se révéla toutefois sous une nouvelle Nuit, lorsque le cavalier chevauchant la monture blanche immaculée se présenta devant lui en faisant vœu de chasteté. Révélant d’abord la boîte de pandore cachée sous son flanc, il capitula ensuite en laissant s’échapper le précieux savoir-faire des francs, dérobé aux druides Éduens. C’est ainsi que le chevalier chrétien savoura le sang du dragon dans le Graal Dioclétien, seul contenant habilité à révéler toutes les facettes de ce délicieux nectar, qui inspira autrefois les vers les plus délicats des poètes d’Odin. Le vin agissant comme un opium en son sein, il sentit alors l’âme du géant dionysien, puiser à la source l’hydromel des nains. Voyageant dans un univers poétique où les pétales de roses et les fraises des bois se déversent sur des vallons aux contours féminins, le champion de tous les Saints se laissa finalement envahir par le sang de Kvasir, qui révèle les plus savoureux vers de Baudelaire, et déshabille ces délicieuses mégères des bordels balzaciens, où Brillat-Savarin ne cesse de philosopher sur le vin, en compagnie de l’ivrogne de Dumas ivre de son chambertin.



samedi 22 octobre 2011

Léoville-Barton : Le charme et l’élégance du hussard de Saint Julien.

Noble et fier comme le hussard chevauchant son destrier sur les graves. Libre comme la Marianne de Delacroix franchissant les barricades, Léoville-Barton demeure le sage de la trinité Saint Julien. Ne cédant jamais à l’appel de la mode, il a toujours su préserver le charme et l’élégance de la bourgeoisie anglo-saxonne. Tel le général Armand D’Hubert suivit comme son ombre par l’arrogant bretteur Gabriel Féraud, il revient après chaque campagne, réveiller le feu millésimé en sa demeure fertile. Comme l’aristocrate britannique, il reste digne et flegmatique, malgré la colère qui s’anime au plus profond de lui. S’interdisant même à maudire son ennemi qui pactisa pourtant avec la sorcière slave sur les étendues désolées de Russie ; il n’en oublie point son devoir de marie, et s’évertue à restituer dans ses élevages, tout le génie et l’élégance de l’essence bordelaise. Élevé et éduqué dans des salons de bois où domine le cuir et les couleurs patinées, il scrute les natures mortes du maître Chardin, qui aurait sans doute apprécié son caractère très fin, capable de transcender les plus savoureux gibiers. Puisant son inspiration dans ces sculptures d’argiles rappelant les marbres du Bernin, il sait retranscrire dans ses vins, la quiétude qui l’anime lorsqu’il se sait loin de ce furieux assassin. L’heure du thé approche, le froid l’envahit, se tenant debout dans sa cuisine, il voit passer une ombre dans les ruines. A travers les arbres dénudés, le regard obscurcit par le brouillard soyeux suintant sur ses terres, il sent l’épilogue de son duel éreintant approcher. Empoignant son sabre avec célérité, il n’hésite pas à se précipiter au-dehors pour affronter l’ombre tournoyante du hussard hanté par la mort. Traversant alors des tertres et des massifs boisés, il fait face à l'ennemi, l’humilie puis le libère en lavant tout discrédit. Regardant la Dame de Gironde du haut de son village, l'âme sereine, il contemple ses augustes cépages, tout en gardant en mémoire ces pesants souvenirs, qui le hantèrent jusqu’aux confins de son vénérable terroir. Une fois la fêlure et les brûlures du passées consumées dans les fûts, il n’en oubliera pas pour autant ces ténèbres qui le poussèrent pendant tant d’années, à tirer toute la quintessence de cette fraîcheur au combien précieuse, provenant de ces généreux merlots et de ces vieux cabernets.


Chapelle-Chambertin 1972 : Bacchus et la jeune fille en fleur.


Au pied du coteau, une jeune femme sublime au raffinement indéniable porte une corbeille de fruits tel un objet précieux. Discrète et joyeuse, elle nous entraîne dans une chapelle, dont la splendeur des vitraux et la charpente en bois sont mises en valeur par la pureté d’une lumière traversant de toute part, cette construction dédiée à la gloire du seigneur. Signe d’un temps révolu, elle rappelle l’âge d’or de ces ordres religieux, qui régnaient autrefois sans partage sur les terroirs viticoles de France et Navarre. Au cœur du calcaire, là où se déversent la lumière et les précieux messages, cette Duchesse des Flandres dépose sur l’hôtel une offrande. Incarnation de la grâce et de la pureté des Nuits, elle sait créer l’illusion, car elle est en fait aussi mûre que le fruit du pinot. Une seule chose la trahit, son regard profond et vitreux, témoignage d’une longue et pieuse expérience forgée sous les cieux. Son âge, on ne le connaît point, car sa malice et son espièglerie dignes d’un de ces chérubins italiens seraient plutôt l’apanage d’une jeune fille en fleur. Rassurée par la chaleur qui émane de cette chape spirituelle, elle se délecte en regardant une immense fresque baroque, peinte à la hâte par le mal-aimé Michel-Ange. Là haut, où les anges demeurent, le Bacchus d’Anna trône au milieu d’un sous-bois luxuriant, tout en regardant avec joie, des élixirs de roses et de fraises se déverser dans une authentique rivière elfique. Enivrer par le désir d’inviter cette belle muse à séjourner en son pays, il lui propose alors avec candeur, de le rejoindre en prenant son envol, dans l’espoir que cette beauté à la fraîcheur éternelle daigne partager avec lui, ses divines barriques.



jeudi 13 octobre 2011

Sorrel & Chave : Dignes héritiers des croisés de l’Hermitage.


Ô toi, montagne sacrée aux divins mamelons enchanteurs, ta complexité comme ta diversité me bouleversent au plus haut point. Ô toi, sanctuaire de la Reine Noire où le vigneron chante des cantiques au milieu des arènes granitiques ; telle la merveille d’Alexandrie, tu illumines les nuits des naufragés bachiques. Au détour d’une de tes terrasses babyloniennes je peux croiser ce mystérieux Chevalier, qui au retour des croisades emprisonna son âme dans un Graal immaculé. Au loin sur la colline, deux de ses obligés, gardiens de son héritage, se sont promis de partir en pèlerinage, retrouver ces précieuses reliques, sources de la grandeur légendaire de l’Ermite. Ces deux croisés, dont l’un porte la marque de l’apôtre, livrent leurs interprétations respectives du sacro-saint message de l’Hermitage. Chevauchant la sereine noire sur les galets roulets, la silice, le granit, les argiles, puis le calcaire, ils reconstituent ensemble le puzzle éparpillé des disciples géologiques ensevelis, afin de retrouver l’esprit du messie que l’on nomme ici, Gréal ou Cathelin. Ne voyant le jour qu’en ces illustres années où le souverain du terroir céleste leur fait grâce de ces augustes journées nécessaires à la maturation du raisin, ces prophètes de la Syrah peuvent parfois délivrer des paroles exquises aux papilles les plus sensibles. En l’An de Grâce 2007, Je me souviens encore avoir embarqué sur l'une de ces chaloupes chargée de clous de girofle et de fruits rouges, en compagnie d'un nouveau né (celui de Marc) accomplissant son premier miracle. Voguant sur une lumière minérale à la couleur rubis, je remontais le temps jusqu’au moment où je vis le divin enfant de Jean-Louis, naît en l’An de grâce 1998, me peindre sur le relief de ton sein, un chef d’oeuvre ténébreux, digne de La vocation de Saint-Mathieu. Je me souviens encore de lui me déclamant un psaume riche et inspiré sous une étable en bois à la charpente patinée par le temps, laissant pénétrer en son sein, les reflets lumineux d’une rivière étincelante autour de laquelle dansaient le gibier et le règne végétal. À mon grand désespoir, à l'instant même où je sentis les deux enfants enfin disposés à me livrer tous les secrets de ce divin breuvage, le courant du fleuve Sacré me ramena sur le rivage. C’est alors que je vis la Vierge Noire m’observant du haut de sa montagne. Sans doute veillait-elle secrètement sur ses fils, afin qu’ils ne commettent point le pêché fatal, qui les aurait bannis de l’Eden rhodanien ? Lorsque je sentis son regard persan s’appesantir sur ma personne, je compris qu’il était temps de mettre les voiles. L’âme en peine, je quittais l’Hermitage, convaincu que ce n’était point la dernière fois que j’effleurais ses eaux pures de mes doigts. Ainsi, je regagnais la terre ferme, avec cette parole de l’Ermite gravée à l’esprit : « Laisses donc le temps au Messie de grandir et mûrir, afin qu’il polisse son élevage. Car avec l’âge, il révélera toutes les facettes de l’Hermitage. »



vendredi 7 octobre 2011

Allemagne : Territoire sacré du Riesling

Au pays de Wagner et des Grands philosophes, il existe aussi un roi blanc nommé Riesling. Au-delà de la frontière française, il s’épanouit à merveille sur les coteaux abrupts de la vallée de la Moselle. En bon français que nous étions, nous l’avons longtemps méprisé. Et pourtant, sa pureté et son élégance légendaires ne sauraient trouver aucun équivalent sur la planète. Ressemblant à aucun autres, il s’exprime ici dans toute sa quintessence, grâce à une maturation longue, au cours de laquelle les sols schisteux lui restituent la nuit venue, la chaleur absorbée tout au long de la journée, ainsi que l’acidité nécessaire à son équilibre et, à son vieillissement.
Comme dans tous les plus grands vignobles du monde, il faut des hommes d’exceptions et le talent de grands vignerons, amoureux de leur terre et de leur civilisation pour transcender un cépage et son climat. Ici, en terre allemande, ils sont quelques-uns à avoir compris la nature fragile et tempétueuse de ce pur-sang immaculé, qui ne pouvait exprimer toute sa noblesse, que dans ce pays bien sage lui permettant de mûrir tranquillement. Parmi eux, l’incontournable Egon Müller fait presque figure de mythe aux côtés des non moins talentueux Reinhard Heymann-Löwenstein, Fritz Haag ou encore Joh. Jos. Prum et Clemens Busch.

Un petit tour dans la vallée de la Moselle vous permettra de comprendre le caractère divin de ces vins incomparables. En ce lieu, les grandes cuvées sont souvent issus de vignes cultivées en terrasses sur des pentes si abruptes qu’elles ne tolèrent aucun passage d’engin mécanique ; exception faite de ces fameux monorails qui parsèment le décor grandiose de cette Vallée, et acheminent tout au long de l’année, hommes et outils jusqu’aux cimes les plus élevés, afin que les vignerons puissent extraire l’essence pure et cristalline que daigne leur offrir le roi blanc immaculé.

Se comportant tel le Zarathoustra de Nietzsche du haut de sa montagne, le Seigneur Blanc d’Allemagne exige des hommes qu’ils se comportent tels des surhommes, au milieu de ce paysage tourmenté rappelant les mythes nordiques et les grands Opéras de Wagner, où les ruines des châteaux côtoient la vigne, comme si elles avaient été placé là pour veiller sur le plus illustre des biens de la culture allemande. Chaque année, tel le Sisyphe de Camus, les plus fidèles ouvriers de la Moselle remontent inexorablement la montagne pour en redescendre à l’automne venu, la plus belle des récoltes. Pour qu’enfin, les maîtres chanteurs du Riesling puissent écouter le son du schiste et s’en inspirer, afin d’en extraire la plus belle des vibrations, en ne manquant pas de chanter les louanges de la pureté et de l’acidité du roi Blanc.

Le Charme des vins blancs allemands n’a pas d’égal en ce monde. Il résonne dans nos têtes tel le chant doucereux et envoûtant de la Lorelei nous entraînant par le fond près de son rocher. C’est pourquoi il était impensable qu’on ne puisse leur rendre hommage en vous les faisant découvrir dans ce bel écrin qu’est le restaurant Je thé…me.
Les Vins blancs allemands, c’est à partir de ce mois-ci au restaurant Je thé…me.


vendredi 13 mars 2009

Le Cadet Virtuose de Marmande


Fruité vibrant, velouté aérien, élégance féminine, acidité virevoltante, tels sont les caractéristiques des vins de Lassolle. À l’instar de jeunes bretteurs gascons en quête de gloire, ces vins sont aussi fougueux qu’un d’Artagnan, et aussi fins et nobles qu’un Athos amoureux du Chambertin Grand Cru, souverain absolue parmi les vins.


De nature enjouée, ces jeunes mousquetaires aiment la vie. Estocade après estocade, il rendent grâce à la poésie bachique. A tel point que si Cyrano était encore de ce monde, il leur composerait un hymne à la joie, dans lequel il louerait ce nez, qui certes, s’il n’a pas l’allure d’une péninsule, rend hommage à l’expression la plus naturel de ces vins produits dans un esprit, propre à faire pâlir de jalousie la plupart des grands Ducs bourguignons.

Comme son nom semble l’indiquer, il y a dans Lassolle quelque chose de solaire, de lumineux, donnant aux vins un caractère vibratoire, capable de les emmener en des territoires insoupçonnés, même après une aération prolongée.

Le Petit Lassolle, jeune cadet virtuose, rayonne au milieu de ce bataillon émerveillé par toute la pureté et la longueur de ses coups, qui lui donnent déjà l’allure d’un de ces brillants capitaines, dont les bottes secrètes n’auraient de cesse de déstabiliser des adversaires déboussolés par tant de maîtrise et de virtuosité. Déjà affûté, le jeune gascon déverse toute son énergie, en nous assénant successivement, des prises de fers acides, une parade veloutée, puis une riposte croquante venant s’échouer sur un bois fondant en retraite, sous les coups de cerises noires explosant en grâce, dans une finale teintée par la pureté et la minéralité d’un fruité élégant, marque de fabrique d’une école bourguignonne, désormais mise à mal par le caractère révolutionnaire de ce jeune mousquetaire. Droit dans ses bottes, précis dans ses coups, agile dans sa démarche, complexe dans sa stratégie, ce Petit Lassolle trouve son équilibre entre le classicisme et la modernité. Il a fait sienne les valeurs d’une grande école, sans perdre pour autant son caractère naïf et virevoltant. Il a déjà tout d’un grand, et devrait à n’en pas douter, se bonifier avec le temps.



Le Petit Lassolle 2004

Côtes du Marmandais

Prix : 9 € à la Cave


mardi 3 février 2009

Le Mozart de la Syrah

La corde tendue d’un violon qui vibre et respire de pureté. L’acidité, colonne vertébrale du vin, qui joue ici la partition d’un grand musicien. Le caractère virtuose de la Syrah porté à son paroxysme. La profondeur des notes de fruits rouges, la longueur d’une portée acide et veloutée. Ca vibre de tous les côtés. Ca respire la passion. On sent une matière vivante qui ne demande qu’à s’élever. On enrobe là, le fruit le plus pur et le plus exaltant. Noire comme du cacao, sa robe semble tout droit sortie des ateliers d’un couturier amoureux de l’élégance naturelle de la gent féminine. On pare sa corbeille de fruits du plus beau tissu aux courbes les plus simples et flexibles jamais conçues, pour ne pas brusquer la beauté fine et rebondie de ses formes. Souple comme du velour, brillante comme une pierre précieuse, sa matière est digne des plus lumineux élixirs, dont l’équilibre entre le fruit, l’alcool et l’acidité n’a d’égal que la noblesse. On entre ici sur le territoire de l’élégance et de la pureté absolue. C’est magique, enivrant, éclatant et savoureux. Le Vin se suffit à lui-même. Il est libre et autonome. Ca respire le génie du Rhône qui s’exprime dans toute sa quintessence. Un véritable travail d’orfèvre. Une œuvre distinguée et élégante, à la fois classique et moderne. La classe à l’état pur. C’est ce Cornas de Thierry Allemand.

samedi 27 septembre 2008

Les Pierres Orphelines de Didier Dagueneau

Comme un silex se fracassant contre la pierre, comme une astéroïde se désintégrant après avoir percuté la terre, tel un pur sang succombant après une course effrénée, Didier Dagueneau s’en est allé. En ces jours de septembre, la terre est désormais orpheline, orpheline d’un de ses plus fidèles serviteurs, et soudain, c’est comme si le Graal idéal venait de perdre l’une de ses plus brillantes particules, une particule minéral, vive et tendue, tranchante comme le silex, indomptable comme le Pur Sang, et puissante comme l’explosion d’une astéroïde. Didier Dagueneau nous a quitté, et maintenant, il faudra désormais cultiver un devoir de mémoire, pour se rappeler ce que cet homme à apporter à la Quête du Graal : du génie, de la folie et de la classe, mais surtout, une pureté immaculée aussi claire et translucide que l’eau de roche se glissant à travers la pierre pour la caresser et lui donner des reflets chatoyants et complexes, dont seule la nature connaît les plus lumineux secrets. Trempant désormais sa longue tignasse et sa barbe broussailleuse dans les eaux tièdes des fontaines d’argiles du jardin d’Eden, Didier, le pirate de la vigne, le flibustier du Sauvignon sait à quel point il est bon de goûter à la minéralité des eaux pures et cristallines, dont il avait déjà réussi à entrevoir la magnificence au cours de sa courte vie d’homme. À présent, il sait, car il l’a vu, que le panthéon de la vigne regorge de secrets. Il goûte dors et déjà au Graal idéal, et ne peut s’empêcher de penser à ses pierres laissées orphelines sur ses Terres. Jamais plus le Pur Sang ne renversera les silex du buisson Renard dans sa course, jamais plus l’astéroïde n’illuminera le ciel noir étoilé de Pouilly, mais une chose demeure, la mémoire sensorielle des amateurs, maille élémentaire, nécessaire à la définition du Graal idéal. De cette mémoire, on saura extraire à l’avenir, ces saveurs ressenties un jour, au coin d’une table, lors d’une dégustation de vin mettant en scène le génie de Pouilly. On se dira alors que s’il y avait un seul blanc à retenir dans l’écrin abritant toutes les plus illustres cuvées terriennes servant à définir la nature du Graal idéal, ce serait bien un Silex ou un Pur Sang.

Monsieur Dagueneau, je ne vous ai jamais rencontré, et dieu sait que je le regrette, mais au moins, j’ai eu la chance de goûter à vos cuvées. Et ça, c’est déjà énorme.

lundi 30 juin 2008

La Magie des Vieux Millésimes

Est-il possible de décrire l’émotion qui vous submerge lorsqu’il vous arrive de dénouer les nœuds rougeoyants et voluptueux d’une vieille robe encore préserver des outrages du temps ? Car cette émotion qui trouve non seulement sa source dans la fascination qu’exercent ces vieux calices sur l’âme de l’amateur du divin élixir, et l’excitation qui anime l’archéologue au moment de dépoussiérer les stèles d’une vieille chambre funéraire prête à livrer ses secrets tient presque de la magie. Cette émotion est bel et bien dans l’air, mais elle est devenue si rare et éphémère dans cette société de l’instantanéité qu’on aurait presque tendance à oublier qu’il est possible de la capter. Vous imaginez donc bien, que lorsque j’ouvris la porte de cette « Petite Chapelle » du Domaine Trapet, je ne m’attendais pas à capter la magie dont débordent ces vieux millésimes; d’autant qu'en dépoussièrant ses pierres, je vis que sa construction datait de 1973, une année pas vraiment réputé pour la qualité des vins qu'elle engendra, peu enclins à s’exprimer dans toute leur plénitude, sur la durée. Ceci étant dit, j’imagine bien que la famille Trapet du effectuer un tri minutieux en ce millésime pluvieux, car à la dégustation, ce 1er Cru était bien fidèle à l’esprit de la maison : un jolie nez oscillant toujours entre le végétal et le caractère fruité, des arômes de cerises et de roses encore vivaces à l’attaque. De bonne longueur avec des tonalités de fruits rouges confiturés s'exprimant légèrement en bouche, avec un jolie retour en finale, sur des notes de fleurs et de fruits séchés (arômes de tabac et de cerises séchées).

En guise de résumé, je dirais donc que je fût agréablement surpris en dégustant cette jolie cuvée ayant vaillamment combattu les outrages du temps pendant plus de trente-cinq années, pour finalement me livrer ses secrets en cette nuit d’été, illuminée par la lumière rougeoyante d’une Petite Chapelle, perdue au milieu des vallons bourguignons. Oh Bourgogne ! Éternelle et spirituelle comme tes terres tu demeureras, fine et complexe comme tes vins tu resteras.

jeudi 24 avril 2008

Les Belles Pierres de Claire Naudin & Prieuré Roch

Lundi, alors que j’effectuais une nouvelle expérience dans l’un de ces Bars à Vins tendance du quartier de République, je me suis une fois de plus retrouver en état d’orgasme culinaire. A mon grand regret, cet énième article devrait à nouveau inciter certains des lecteurs de ce blog, à me classer définitivement dans la catégorie des Bourgogne intégristes. Pour ma défense, j’aimerais bien leur dire que je me soigne, ou que j’essais de faire une thérapie afin d’empêcher mes sens de m’envoyer des stimuli trop forts lorsqu’il m’arrive de sentir ces effluves de roses, de groseilles ou de cerises, mais malheureusement, ces fameux élixirs à la teinte rubis incomparable attisent tellement ma sensibilité que je ne peux rien faire d’autre, à part utiliser ce blog comme exutoire. Au moins, peut-être arriverais-je par ce biais, à vous faire aimer ces fameux élixirs bourguignons ? Voire, à vous faire comprendre la quête spirituelle dans laquelle s’est lancé l’abominable responsable de cave du restaurant je thé…me, depuis qu’il a été initié à ces cuvées, dont la quintessence s’exprimait déjà, dès les premiers balbutiements des Abbayes cisterciennes du Moyen Age ? Enfin, vous l’aurez peut-être compris, il y a bien quelque chose de réligieux dans le vin, qui tient de la quête du Graal. En effet, il s’agit d’une entreprise bien fastidieuse que de rechercher la cuvée suprême, apte à faire chavirer nos sens. Et dans ce registre, il faut bien avouer que les vignerons bourguignons ont à l'instar de leurs ancêtres cisterciens et bénédictins, activement participé à cette quête en édifiant ces immenses cathédrales sensorielles, où chacune de leurs plus belles pièces viticoles devenaient les pierres angulaires servant de repères à ces aventuriers du divin breuvage, perdus dans les arcanes de l'immense édifice abritant le graal idéal.

Pour ma part, ma récente rencontre avec Le Clos des Corvées 2000 (qui n’en était pas une) du Prieuré Roch et les Orchis Masculata 2005 & 2006 de Claire Naudin, a eu le mérite de m'éclairer un peu plus, sur la nature supposée de mon Graal idéal. D’une grande pureté l’une comme l’autre, elles m’ont véritablement frappé par leur richesse et leur caractère naturel, pas étonnant, lorsqu’on sait que les domaines sont très attachés à respecter la nature des vins, en limitant notamment leur usage de soufre. Au final, cette démarche est plus que salutaire pour les vins, car ils se révèlent à l’amateur, au travers de leur minéralité, de leur douceur et de ces arômes végétaux et fruités, oscillant entre la rose, la cerise et la groseille. Évidemment, je me doute bien qu’après pareil éloge, il vous tarde de découvrir ces divins élixirs. Rassurez-vous, il n’aura même pas fallu une demi-journée au responsable de cave du restaurant je thé…me pour se décider à les adopter. Ainsi, dès la semaine prochaine, vous aurez l’occasion de découvrir pas moins de quatre cuvées de Claire Naudin au restaurant. En revanche, en ce qui concerne les vins du Prieuré Roch que nous commercialisions déjà, il faudra attendre au moins jusqu’à la rentrée de septembre, pour les retrouver à notre carte.


Sur ce, dans l’espoir de partager avec vous une dégustation des vins du Domaine Henri Naudin-Ferrand au restaurant, je vous souhaite bon vent.

GRAAAL ! GRAAAL ! Où es tu ?

vendredi 11 avril 2008

Les Vins de François Chidaine

En ce début de mois d'avril où le printemps commence enfin à reprendre ses droits, mon inspiration soudaine et cet air frais annonçant des jours nouveaux me pousse à vous faire part de ce véritable choc multi sensoriel, vécu lors d'une dégustation des vins de François Chidaine. A bien y réfléchir, je ne crois pas avoir pris autant de claques lors d'une dégustation de vin qu'en ce jour où j'errais tel un apprenti paladin, dans les artères du salon des vignerons indépendants de la Porte de Champerret. Véritable artiste de la vigne, capable de transcender l'expression de sa terre, François Chidaine m'a véritablement scotché avec ses incroyables cuvées, d'une pureté, d'une minéralité et d'une profondeur aromatique que je n'avais pas rencontré dans un vin blanc, depuis bien longtemps. Pour tout vous dire, verre après verre, c'était un peu comme si je rencontrais l'extase sensorielle, tant ses vins m'ont heurté au plus profond de moi-même, par leur caractère iodé, droit, et cette acidité très caractéristique du chenin blanc (cépage qui ne cesse de ravir mes papilles depuis quelques temps) dont l'élégance est bel et bien digne des plus grands vins blancs issus de nos plus beaux terroirs de France & de Navarre. Évidemment, le cépage ne fait pas tout, car ce vignoble qui cultive habilement ses vignes en biodynamie entre le Cher et la Loire, réussi à exprimer à merveille la personnalité de ces vins de Montlouis et Vouvray, qui se distinguent tout particulièrement par cette capacité qu'ils ont à nous jouer ces partitions construites autour de l'iode, arôme très typique de ces terroirs regorgeant de fossiles.

La gamme des vins de François Chidaine s'illustre par sa richesse, et comprend aussi bien des vins blancs secs, que des demi secs, moelleux, voire effervescents. Le Pétillant est hautement recommandable, car il fait très largement jeu égal avec la plupart de ces champagnes vineux que l'on retrouve actuellement sur le marché, et qui plus est, à un prix bien plus abordable que ces boissons de marques maudites, qui pêchent parfois un peu trop par leurs débordements mercantiles. Vraiment, j'insiste, ce vigneron est à n'en pas douter de la trempe de ces génies, capables de vous faire ressentir tant de choses dans une oeuvre que c'est à se demander s'il n'ont pas un quelconque talent de sorcier ou de magicien. Il y a bien une âme dans les vins de François Chidaine, une âme riche et complexe qui sait tirer ce qu'il y a de plus pronfond dans la terre, c'est à dire, ce caractère naturel, pur, vivant et minéral qui ne peut exister qu'à partir du moment où un homme bien avisé sait écouter les chants de l'air, les complaintes des sols et les mouvements des organismes vivants, pour les accorder, les mettre en éveil, puis les laisser s’exprimer le plus librement possible dans une subtile composition de goûts, de saveurs et d'odeurs, aptes à faire chavirer les sens pourtant exigeants d'un abominable responsable de cave, en quête perpétuelle de nouveaux orgasmes culinaires.


Pour retrouver les vins de François Chidaine au restaurant je thé...me, vous devrez néanmoins attendre quelques temps, car il semble que mes derniers écarts en matière d'achats viticoles ne me permettent plus de faire entrer ces illustres cuvées, dans la cave pourtant spacieuse de l'abominable responsable de cave du restaurant je thé...me.

Sur ce, à bientôt pour de nouveaux orgasmes culinaires.

mardi 26 février 2008

Dans la Tanière du Renard

Je parlais récemment du pouvoir de suggestion des vins de Bourgogne et de ces autres domaines, dont la démarche plus que respectable en matière de respect de l'environnement et du terroir, contribue grandement à transcender la qualité des vins. Et bien, chers amis et clients, je suis heureux de vous présenter une de ces cuvées qui a le mérite tout particulier, d'éveiller mes sens et ma curiosité.

Débusquée dans la tanière du renard, sur les terres du Domaine Gilbert, cette Renardière exclusivement composé de Pinot Noir est une véritable petite gourmandise, une ode à la gloire des fruits rouges (framboise, cerise, cassis), dont on aurait bien tort de se priver. Évoluant au nez, sur des arômes torréfiés et chocolatés, cette cuvée s’affirme au travers de sa matière, de son volume, de sa tenue et surtout, de sa longueur en bouche (j'avoue avoir encore du mal à me remettre de cette magnifique rétro olfaction sur le velouté du fruit rouge en fin de bouche). Jeune fille séduisante à la robe rubis profonde, la Renardière se distingue par son caractère réservé dans sa jeunesse, mais s'exprime à merveille dans toute sa plénitude, à l'adolescence (4 ans après sa mise en bouteille), lorsque la chaleur de son élevage (on pardonnera au domaine son excès en matière de fûts neufs) s'estompe pour laisser l'aimable demoiselle, nous jouer la partition d'une oeuvre construite sur des notes harmonieuses de fruits rouges.

Si le millésime 2004 se déguste actuellement très bien (malheureusement il n'en reste plus), le 2005 devrait se réveler un peu plus tardivement (comme la plupart des bons Pinots Noir français de ce millésime), dans la mesure où il témoigne d’une ouverture aromatique moins affirmée que le 2006, qui devrait quant à lui s'exprimer dans toute la finesse et la souplesse de ce millésime (très réussi sur l'ensemble de la vallée de la Loire) d'ici 3 ans.

Belle, séduisante, envoûtante, gourmande et minérale, cette cuvée m'a plus qu'enthousiasmé, et j'avoue désormais, être dans l'obligation de faire l'éloge de cette formidable équipe dirigée par Phillipe Gilbert et Jean-Philippe Louis, qui ont grâce à leur respect de la terre, leur expertise viticole et leur talent indéniable, hissé ce domaine au sommet de son appellation.


Pour résumer :

Cuvée : Les Renardières (2004, 2005, 2006)

Domaine : Domaine Philippe Gilbert

Propriétaire :
Philippe Gilbert

Oenologue : Jean-Philippe Louis

Mode de Culture : Bio-dynamie

A.O.C : Menetou-Salon

Cépages :
Pinot Noir (100%)

A boire d'ici : 3 à 5 ans

Accords Mets & Vins : Mignon de Porc au vin rouge, volailles, boeuf bourguignon, Ris de Veau en sauce.

Prix (à emporter) : 21,00 €

Prix au Restaurant : 48,00 €

Restaurant Je Thé...me - 4, rue d'alleray - 75015 - Paris - France
Tel : 01.48.42.48.30 - Fax : 01.48.42.70.66
Ouvert du Mardi au Samedi - Midi & Soir
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